Syndrome des bâtiments malsains : un diagnostic d’exclusion sous-évalué

Le Syndrome des Bâtiments Malsains (SBM) : un malaise qui date de l’OMS (40 ans déjà !)

Vous est-il déjà arrivé de vous sentir étrangement mal à l’aise, fatigué, ou de souffrir de maux de tête récurrents uniquement lorsque vous êtes au bureau ou dans un bâtiment spécifique ? Ces symptômes mystérieux pourraient bien être liés à ce que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a identifié il y a plus de 40 ans : le Syndrome des Bâtiments Malsains (SBM), aussi appelé « Sick Building Syndrome ». Un phénomène qui, loin d’être un mythe, affecte encore des milliers de personnes aujourd’hui.

Qu’est-ce que le Syndrome des Bâtiments Malsains ?

Défini par l’OMS dès 1984, le SBM désigne l’apparition de symptômes cliniques ou de sensations de malaise chez les occupants d’un bâtiment, symptômes qui disparaissent généralement peu de temps après avoir quitté les lieux. La particularité du SBM est que les symptômes sont non spécifiques et qu’aucune cause unique et directe n’est identifiée. Il s’agit souvent d’une combinaison de facteurs environnementaux et psychosociaux.

Des symptômes variés et parfois déroutants

Le SBM se manifeste par une palette de symptômes qui peuvent varier d’une personne à l’autre et au fil du temps. Parmi les plus fréquents, on retrouve :

  • Symptômes généraux : Maux de tête, fatigue, difficultés de concentration, somnolence.
  • Symptômes liés aux muqueuses : Irritation des yeux (larmoiements, picotements), du nez (éternuements, nez bouché ou qui coule), de la gorge (toux, sécheresse).
  • Symptômes cutanés : Sécheresse ou démangeaisons de la peau.
  • Symptômes respiratoires : Sensation d’oppression thoracique, aggravation de l’asthme.

Ces manifestations, souvent perçues comme anodines ou attribuées au stress, peuvent pourtant avoir un impact significatif sur la productivité et le bien-être.

Les causes multiples du SBM

Le SBM est rarement dû à un seul coupable, mais plutôt à un ensemble de facteurs :

  • Ventilation insuffisante : Un renouvellement d’air inadéquat est une cause majeure, entraînant l’accumulation de polluants.
  • Polluants intérieurs : Composés organiques volatils (COV) émis par les meubles, tapis, peintures, produits de nettoyage ; fibres minérales (amiante, fibres de verre) ; moisissures et bactéries (humidité) ; allergènes (acariens, pollen).
  • Facteurs physiques : Température et humidité extrêmes ou mal contrôlées, courants d’air, éclairage insuffisant ou trop intense (éblouissement), bruit excessif.
  • Facteurs psychosociaux : Stress lié au travail, mauvaises relations professionnelles, manque de contrôle sur son environnement de travail, monotonie des tâches peuvent amplifier la perception des symptômes.

SBM vs. Maladies liées au bâtiment (MLB)

Il est crucial de distinguer le SBM des « Building-Related Illness » (BRI) ou « Maladies liées au bâtiment » (MLB). Tandis que le SBM présente des symptômes non spécifiques sans cause unique identifiée, les MLB sont des maladies dont la cause est directement et clairement attribuable à un contaminant présent dans le bâtiment (ex: légionellose due à Legionella pneumophila dans les systèmes de climatisation, asthme lié à des allergènes spécifiques).

Prévenir et Agir contre le SBM

Face au SBM, des solutions existent, axées sur l’amélioration de l’environnement intérieur :

  • Améliorer la ventilation : Assurer un apport d’air frais suffisant et une bonne extraction.
  • Contrôler la qualité de l’air : Utiliser des matériaux et produits à faibles émissions de COV, entretenir régulièrement les systèmes de climatisation.
  • Gérer l’humidité : Prévenir les fuites et la condensation pour éviter la prolifération de moisissures.
  • Optimiser l’environnement physique : Réguler température et humidité, offrir un éclairage adéquat et réduire le bruit.
  • Prendre en compte le facteur humain : Favoriser un environnement de travail serein, encourager les pauses et la gestion du stress.

Le Syndrome des Bâtiments Malsains est un défi complexe qui requiert une approche multidisciplinaire. En étant attentif à ces signaux d’alerte et en agissant sur les facteurs environnementaux, il est possible de transformer nos lieux de travail et de vie en espaces plus sains et plus agréables pour tous.