Indonésie: comment la déforestation a aggravé les inondations

Indonésie : Quand la déforestation aggrave les inondations

Les inondations massives qui ont frappé le centre de Kalimantan, en Indonésie, en janvier 2024, ont mis en lumière une vérité alarmante : la déforestation massive exacerbe dramatiquement les catastrophes naturelles. Alors que de fortes pluies étaient le déclencheur immédiat, des milliers de personnes déplacées et des dizaines de milliers de maisons submergées témoignent de l’impact dévastateur de la perte des forêts.

La transformation du paysage

Le cœur du problème réside dans la conversion à grande échelle des forêts naturelles de tourbières et des forêts marécageuses en plantations de palmiers à huile et en sites miniers. Ces écosystèmes, autrefois des remparts naturels contre les inondations, ont été détruits, réduisant considérablement la capacité de la terre à absorber et à retenir l’eau. Les palmiers à huile, contrairement aux arbres indigènes, ont des systèmes racinaires moins profonds et une capacité d’absorption d’eau moindre, laissant les sols vulnérables.

Les tourbières : éponges naturelles sacrifiées

Les tourbières sont des écosystèmes uniques qui agissent comme d’immenses éponges, capables de stocker de vastes quantités d’eau. Leur drainage pour l’agriculture ou l’exploitation minière les rend non seulement vulnérables aux incendies, mais leur fait perdre leur rôle crucial de régulateurs hydrologiques. Une fois dégradées, elles libèrent rapidement l’eau lors des fortes pluies, contribuant directement aux inondations au lieu de les prévenir.

Des chiffres qui parlent

Entre 2002 et 2019, le Kalimantan central a perdu 1,47 million d’hectares de forêt. Des études ont même établi un lien direct : une déforestation de 10 % dans un bassin versant peut augmenter de 1,2 % la probabilité d’inondation. Des images satellites récentes confirment l’expansion des plantations de palmiers à huile et des activités minières dans les zones les plus touchées par les inondations, soulignant la corrélation sans équivoque.

Urgence d’action et espoirs de restauration

Ces événements tragiques soulignent l’urgence d’une gestion durable des terres. Si le gouvernement indonésien, via des initiatives comme l’Agence de restauration des tourbières et des mangroves (BRGM), s’efforce de restaurer des millions d’hectares, les inondations de janvier sont un rappel brutal du chemin qu’il reste à parcourir. La protection et la restauration des écosystèmes naturels ne sont pas seulement des questions environnementales, mais des impératifs pour la sécurité et la résilience des populations face au changement climatique.