La Guerre, une Histoire Bien Plus Ancienne qu’on ne le Pense
L’image d’une humanité préhistorique fondamentalement pacifique, le « bon sauvage » avant la « chute » de la civilisation, est une idée tenace. Pourtant, les dernières découvertes archéologiques et les études comportementales sur nos cousins primates viennent sérieusement remettre en question ce mythe. Il semblerait que la guerre, ou du moins des formes de violence organisée entre groupes, soit une constante bien plus ancienne de l’histoire humaine, ancrée dans notre lointain passé de chasseurs-cueilleurs, bien avant l’avènement de l’agriculture et des cités.
Des Racines Profondes et des Preuves Écrasantes
L’étude des chimpanzés, avec leurs raids territoriaux et leurs agressions mortelles envers des groupes rivaux, suggère une prédisposition évolutive à la violence intergroupe. Mais c’est l’archéologie qui fournit les preuves les plus directes et les plus bouleversantes chez l’homme :
- Jebel Sahaba (Soudan, 13 000 ans avant J.-C.) : Ce cimetière révèle 61 individus, dont la moitié sont morts de manière violente, criblés de pointes de flèches ou de lances. Un massacre de groupe datant d’une ère antérieure à toute forme d’agriculture.
- Nataruk (Kenya, 10 000 ans avant J.-C.) : Découvert en 2012, ce site expose les restes de 27 chasseurs-cueilleurs nomades, brutalement massacrés. Les blessures sont éloquentes : flèches dans le crâne, coups de gourdins, fractures multiples, et même des indices de décapitation ou de scalping.
- Sites Natoufiens (Levant, 15 000-11 500 ans avant J.-C.) : Des squelettes de cette période montrent des signes de violence, comme des fractures guéris ou des pointes de flèches fichées dans les corps, témoignant d’affrontements fréquents.
- Australie (42 000 ans avant J.-C.) : Le crâne de Mungo Man 1 présente une fracture suggérant une blessure par arme, potentiellement le plus ancien cas de violence interpersonnelle connu.
Qu’est-ce que la « Guerre » à l’Ère Préhistorique ?
La ligne entre « violence interpersonnelle » et « guerre » est parfois floue, mais la répétition de massacres de groupe, l’ampleur des blessures et l’organisation implicite des assaillants suggèrent des affrontements bien au-delà de la simple querelle individuelle. Ces violences étaient probablement motivées par la défense de territoires, l’accès à des ressources vitales (eau, gibier) ou des dynamiques de vengeance. Elles faisaient partie intégrante de l’existence de nos ancêtres, même les plus nomades.
En conclusion, l’archéologie dépeint une réalité plus sombre et plus complexe de nos origines. La violence collective n’est pas une invention de la civilisation, mais une composante archaïque de notre histoire, défiant l’idée que nos ancêtres étaient intrinsèquement paisibles. La guerre, sous ses formes primitives, semble être une constante, une ombre portée sur le long chemin de l’humanité.