Rebond Inattendu : La Suède Face à une Hausse Record de ses Émissions de Gaz à Effet de Serre en 2024
Longtemps saluée comme un modèle en matière de lutte contre le changement climatique, la Suède est confrontée à une réalité préoccupante pour l’année 2024. Le pays devrait enregistrer une augmentation spectaculaire de 5,9% de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), un rebond record depuis la fin des années 1990. Cette prévision, émise par l’Agence suédoise de protection de l’environnement, met en lumière les défis complexes de la transition énergétique, même pour les nations les plus avancées.
Le Retour du Pétrole : L’Usine de Karlshamn en Cause
L’explication principale de cette hausse inattendue réside dans la réactivation de la centrale thermique de Karlshamn, une ancienne usine alimentée au pétrole. Opérée par l’entreprise Uniper, cette centrale, initialement destinée à une fermeture prochaine, a vu ses heures de fonctionnement quadrupler en 2023 et devrait encore augmenter en 2024. Ses émissions devraient même dépasser celles des vols intérieurs suédois !
Mais pourquoi un tel retour en arrière ? La raison est simple : assurer la sécurité de l’approvisionnement électrique du pays. La Suède, traditionnellement très dépendante de l’énergie nucléaire et hydraulique, a été confrontée à des problèmes majeurs :
- Des pannes récurrentes dans plusieurs réacteurs nucléaires nordiques.
- Des niveaux d’eau exceptionnellement bas dans les réservoirs des barrages hydroélectriques.
Face à ces incertitudes, la centrale de Karlshamn est devenue un « filet de sécurité » essentiel pour éviter des pénuries d’électricité, notamment dans le sud du pays.
Un Coup Dur pour les Ambitions Climatiques
Cette augmentation des émissions est un revers significatif pour la Suède, qui s’est fixée des objectifs climatiques ambitieux : être neutre en carbone d’ici 2045, avec une réduction de 63% des émissions d’ici 2030 par rapport à 1990. Bien que le pays ait déjà réduit ses émissions de 37% entre 1990 et 2022, cette hausse record de 2024 rendra la réalisation des objectifs à court terme plus ardue.
Le gouvernement suédois, par la voix de sa ministre du Climat et de l’Environnement, Romina Pourmokhtari, a reconnu l’augmentation mais l’a qualifiée de « mesure temporaire et nécessaire ». Elle a souligné que la priorité à court terme était d’assurer l’approvisionnement électrique du pays, tout en réaffirmant l’engagement de la Suède envers ses objectifs climatiques à long terme, notamment en investissant massivement dans le développement de l’énergie sans fossiles.
Le Dilemme de la Transition Énergétique
L’exemple suédois illustre parfaitement le dilemme auquel sont confrontés de nombreux pays : comment concilier les impératifs de la sécurité énergétique à court terme avec les ambitions climatiques à long terme ? Cette situation rappelle que la route vers la neutralité carbone est semée d’embûches et que des retours en arrière ponctuels, bien que regrettables, peuvent parfois être jugés inévitables face à des contraintes structurelles ou des imprévus.
Reste à espérer que cette hausse ne soit qu’un accroc temporaire et que la Suède, forte de son engagement historique, puisse rapidement retrouver le chemin de la décarbonation, en accélérant notamment la production d’électricité propre et en renforçant la résilience de son système énergétique.