Eaux brutes et eaux du robinet : TFA, le PFAS omniprésent

Polluants Éternels : Le TFA, un Ennemi Invisible Omniprésent dans Nos Eaux

Une récente étude de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a jeté un éclairage inquiétant sur la présence généralisée du trifluoroacétate (TFA) en France. Ce composé, classé parmi les « polluants éternels » ou PFAS, se retrouve de manière quasi-systématique dans nos eaux brutes et, plus préoccupant encore, dans l’eau qui coule de nos robinets.

Qu’est-ce que le TFA et d’où vient-il ?

Le TFA est un sous-produit de dégradation de diverses substances chimiques industrielles, notamment des gaz réfrigérants (comme le HFO-1234yf utilisé dans les climatisations automobiles), de certains pesticides et d’autres PFAS complexes. Sa particularité ? Comme tous les PFAS, il est extrêmement persistant dans l’environnement. Il ne se dégrade pas ou très lentement, d’où son surnom de « polluant éternel ». Sa grande mobilité le rend particulièrement difficile à retenir et à éliminer des cycles de l’eau.

Les Constats Alarmants de l’ANSES

L’étude de l’ANSES, basée sur l’analyse de près de 2300 échantillons prélevés dans toute la France, révèle une omniprésence du TFA. Les résultats montrent des concentrations médianes de 89 nanogrammes par litre (ng/L) dans les eaux brutes et de 79 ng/L dans l’eau du robinet. Si ces chiffres peuvent paraître faibles, la quasi-totalité des échantillons en contenait.

Plus inquiétant encore, des pics de concentration ont été relevés : jusqu’à 3700 ng/L dans les eaux brutes et 1800 ng/L dans l’eau potable. Ces niveaux, souvent plus élevés dans les zones urbaines et agricoles, soulignent l’impact de nos activités humaines sur la qualité de nos ressources hydriques. Pour donner une perspective, le Danemark a fixé une limite sanitaire de 100 ng/L pour le TFA dans l’eau potable, seuil qui est donc régulièrement dépassé en France.

Des Conséquences Inconnues et des Traitements Inefficaces

À ce jour, l’Union Européenne n’a pas encore établi de limite sanitaire pour le TFA, ce qui laisse planer un flou sur ses potentiels effets à long terme sur la santé humaine. Les connaissances actuelles sur sa toxicité sont jugées insuffisantes, mais la prudence est de mise compte tenu de sa persistance et de sa large diffusion.

Par ailleurs, les technologies de traitement de l’eau conventionnelles se montrent peu efficaces pour éliminer le TFA. Sa petite taille et sa structure chimique particulière lui permettent de traverser la plupart des filtres, compliquant d’autant plus la tâche des distributeurs d’eau.

Vers une Prise de Conscience et une Réglementation ?

Face à ce constat, l’ANSES recommande d’intensifier la surveillance du TFA et, à terme, d’établir une valeur sanitaire maximale. Cette étude met en lumière l’urgence d’une meilleure régulation et d’une recherche approfondie sur ces polluants éternels, qui représentent un défi majeur pour la santé publique et l’environnement. La présence du TFA dans nos verres d’eau est un rappel puissant de l’interconnexion entre nos choix industriels, agricoles et notre bien-être.