Le TFA : Le Polluant Éternel Silencieux Qui Infiltre Presque Toutes Les Eaux en France
Imaginez un polluant qui ne se dégrade jamais, qui est presque partout dans l’eau que nous buvons, mais dont les effets sur notre santé sont encore largement méconnus. Non, ce n’est pas un scénario de science-fiction, mais une réalité scientifique concernant le TFA (acide trifluoroacétique), un composé qui attire de plus en plus l’attention en France.
Qu’est-ce que le TFA et d’où vient-il ?
Le TFA est un composé de la grande famille des PFAS, souvent surnommés les « polluants éternels » en raison de leur extrême persistance. Cependant, le TFA est une petite molécule, un « très petit PFAS », qui le rend parfois invisible aux radars des régulations habituelles.
Ses origines sont multiples : il est principalement un produit de dégradation de fluides frigorigènes de nouvelle génération (les HFOs) utilisés dans les climatiseurs et les réfrigérateurs. Mais il provient aussi de certains pesticides, produits pharmaceutiques et processus industriels. En bref, il est un sous-produit de notre société moderne.
Un polluant omniprésent et indégradable
Ce qui rend le TFA particulièrement préoccupant, c’est son omniprésence. Des études récentes montrent qu’on le trouve quasiment partout en France : dans les eaux de surface (rivières, lacs), les eaux souterraines et, inévitablement, dans l’eau du robinet. Sa nature « éternelle » signifie qu’une fois dans l’environnement, il y reste, s’accumulant au fil du temps sans se décomposer naturellement.
Les concentrations relevées sont généralement faibles, de l’ordre du nanogramme au microgramme par litre. Mais cette ubiquité soulève des questions sur l’exposition cumulée et ses implications à long terme.
Quels sont les risques pour la santé ?
C’est là que réside une grande partie du mystère et de l’inquiétude. À ce jour, les connaissances sur les effets du TFA sur la santé humaine à ces faibles concentrations sont limitées. Des études sur des plantes ont montré des effets inhibiteurs de croissance à des doses plus élevées, mais l’impact sur l’être humain n’est pas clairement établi. Le principe de précaution est donc de mise.
Un vide réglementaire en France et en Europe
Contrairement à d’autres PFAS plus connus, le TFA ne bénéficie pas encore d’une réglementation spécifique pour l’eau potable en France ou dans l’Union Européenne. Il n’est pas inclus dans la liste des 20 PFAS ciblés par la directive européenne sur l’eau potable, ni dans la somme des 20 PFAS surveillés.
Pourtant, d’autres pays ont pris les devants : le Danemark, par exemple, l’intègre dans un seuil global pour 12 PFAS (100 ng/L), et l’Allemagne a fixé une valeur guide non contraignante de 500 ng/L. En France, bien qu’il soit détecté et surveillé, aucune limite n’est encore imposée.
L’urgence d’agir face à ce polluant silencieux
La présence généralisée du TFA, son caractère « éternel » et le manque de connaissances sur ses impacts sanitaires en font un sujet de préoccupation majeur pour l’avenir. Il est essentiel d’intensifier la recherche, d’améliorer la surveillance et d’envisager des cadres réglementaires adaptés pour protéger la qualité de nos eaux et, par extension, notre santé.
Le TFA nous rappelle que même les polluants les plus discrets peuvent avoir des implications profondes et durables sur notre environnement et notre bien-être. La vigilance et l’action sont plus que jamais nécessaires.