La vie grouillante des soldats romains de Vindolanda : une découverte parasitologique
Oubliez l’image idéalisée des légionnaires romains. Une récente étude menée sur le site archéologique de Vindolanda, près du mur d’Hadrien en Angleterre, révèle une réalité bien plus prosaïque et… parasitaire. Des archéologues ont mis au jour une quantité impressionnante de preuves de la présence de divers parasites, offrant un aperçu inédit et parfois repoussant de la vie quotidienne de ces soldats à la frontière de l’Empire.
Un bestiaire indésirable dans les baraquements
L’analyse minutieuse d’échantillons prélevés dans les latrines, les aires de couchage des animaux et les sols du fort a permis d’identifier une véritable ménagerie de nuisibles. Les soldats et les civils de Vindolanda étaient littéralement envahis par :
- Des puces (principalement des puces humaines, mais aussi des puces de rat et de chat).
- Des poux (poux de tête, poux de corps et même poux pubiens).
- Une variété de vers intestinaux, notamment le trichocéphale (ver à fouet), l’ascaris (lombric intestinal) et le ténia (ver solitaire).
Ces découvertes, issues de l’examen de vestiges datant du Ier au IVe siècle de notre ère, racontent une histoire de promiscuité et d’hygiène précaire.
Les raisons d’une infestation généralisée
Plusieurs facteurs semblent avoir contribué à cette situation :
- L’hygiène personnelle : Malgré l’existence de bains romains, il semble que la toilette quotidienne ne concernait pas tous les habitants de la même manière. Le partage de peignes et de vêtements, ainsi que des conditions de vie en communauté, favorisait la propagation des poux.
- La promiscuité : Les baraquements des soldats et les habitations civiles étaient des lieux exigus, où hommes, femmes, enfants et animaux domestiques (parfois même bétail) se côtoyaient, facilitant le transfert des parasites.
- Les pratiques alimentaires : La présence du ténia indique une consommation de viande (porc et bœuf) souvent mal cuite, pratique courante à l’époque. Les œufs de trichocéphale et d’ascaris témoignaient également d’une contamination fécale des aliments ou de l’eau.
- Le commerce : Le transport de marchandises, notamment de textiles, était un vecteur idéal pour les puces.
Un miroir de la vie quotidienne
Cette étude ne se contente pas de dresser un tableau peu ragoûtant de la santé des Romains. Elle offre des informations précieuses sur leurs conditions de vie, leurs habitudes, et même les disparités sociales. Par exemple, les zones occupées par les officiers supérieurs montraient moins de signes de parasites, suggérant de meilleures conditions d’hygiène. La présence de vers intestinaux importés, comme ceux liés à la consommation de poisson cru, pourrait même indiquer les origines des troupes ou leurs habitudes alimentaires acquises ailleurs.
En somme, ces parasites microscopiques nous offrent une fenêtre macroscopique sur les défis sanitaires et le quotidien rude de ceux qui veillaient aux frontières de l’Empire romain, bien loin de l’image de grandeur et de propreté souvent associée à la civilisation romaine.