Les « Jupiters chauds » révèlent des origines moins tumultueuses que prévu
Les « Jupiters chauds », ces géantes gazeuses massives orbitant très près de leur étoile, ont longtemps posé un défi aux théories de formation planétaire. Leur proximité inattendue avec leur étoile (une période orbitale inférieure à 10 jours) suggérait qu’ils devaient s’être formés plus loin avant de migrer vers l’intérieur. La théorie dominante jusqu’à présent était celle d’une « migration chaotique », où des interactions gravitationnelles avec d’autres planètes massives ou des étoiles proches auraient violemment poussé ces géantes vers leur position actuelle.
La théorie de la migration chaotique et ses prédictions
Selon le scénario de la migration chaotique, une telle perturbation induirait non seulement une orbite très excentrique, mais aussi une inclinaison significative de l’axe de rotation de la planète par rapport à l’équateur de son étoile (ce que l’on appelle l’obliquité). Au fil du temps, les forces de marée de l’étoile circuleraient et resserreraient l’orbite, mais l’obliquité élevée persisterait, laissant une trace de ce passé violent. Des observations antérieures avaient d’ailleurs confirmé que certains Jupiters chauds présentaient effectivement une forte désalignement, confortant cette hypothèse.
De nouvelles observations remettent en question le modèle unique
Cependant, une nouvelle étude menée par Rebekah Dawson (Penn State) et Daniel Huber (Université d’Hawaï), et publiée dans Nature Astronomy, apporte un éclairage inattendu. Les chercheurs ont examiné deux Jupiters chauds particuliers : HD 3167b et WASP-107b. Pour ce faire, ils ont mesuré l’obliquité de ces systèmes en utilisant l’effet Rossiter-McLaughlin, qui analyse les variations de la lumière de l’étoile lorsque la planète transite devant elle.
HD 3167b et WASP-107b : des exceptions notables
Les résultats sont frappants : HD 3167b a été trouvé en orbite presque parfaitement alignée avec l’équateur de son étoile (faible obliquité). Cette observation contredit directement le scénario de la migration chaotique pour cette planète. WASP-107b montre également une faible obliquité, bien que l’étoile hôte tourne très lentement, ce qui rend l’interprétation légèrement plus complexe pour les modèles prédictifs d’obliquité, mais la tendance reste claire.
Une « migration douce » pour certains Jupiters chauds
Ces découvertes suggèrent que, du moins pour certains Jupiters chauds, le passé n’a pas été aussi tumultueux. Ils auraient pu se former et migrer vers l’intérieur de manière plus « douce », probablement par une interaction progressive avec le disque protoplanétaire gazeux et poussiéreux dans lequel ils sont nés. Ce processus préserverait l’alignement initial avec l’équateur de l’étoile.
Vers une diversité des scénarios de formation
En conclusion, cette étude enrichit notre compréhension de la formation planétaire. Il semble qu’il n’y ait pas un chemin unique pour la naissance des Jupiters chauds. Au lieu de cela, l’univers est probablement peuplé de ces mondes exotiques formés par une multitude de mécanismes, qu’ils soient violents ou plus graduels. Cette diversité de scénarios ajoute une nouvelle couche de complexité et de fascination à l’étude des systèmes exoplanétaires.