Une Affaire de Viol à Poitiers en 2015 Résolue Grâce à la Généalogie Génétique
Neuf ans après les faits, une affaire de viol survenue à Poitiers en 2015 vient de connaître un tournant majeur. Grâce à l’utilisation innovante de la généalogie génétique, un homme de 40 ans a été identifié, interpellé, mis en examen pour viol et placé en détention provisoire. Cette avancée marque une étape significative pour cette technique d’enquête en France.
Comment la Science a Parlé
Les faits remontent à la nuit du 10 au 11 novembre 2015, lorsqu’une jeune étudiante de Sciences Po Poitiers a été violée. L’ADN du suspect, prélevé sur les lieux du crime (du sperme), avait été conservé mais n’avait jamais permis d’identifier l’agresseur via les fichiers nationaux classiques. C’est ici qu’intervient la généalogie génétique.
Sur la base de l’ADN inconnu, les enquêteurs ont eu recours à des plateformes généalogiques publiques (comme MyHeritage, FTDNA) où des individus partagent volontairement leur profil génétique pour retracer leur ascendance. En comparant l’ADN du suspect à ces bases de données, il est possible de retrouver des « cousins génétiques » et de remonter l’arbre généalogique pour identifier la branche familiale de l’agresseur.
Cette méthode, déjà cruciale dans la résolution posthume de l’affaire du « Grêlé » en France, a permis aux enquêteurs de dresser un portrait de famille et de cerner un groupe de personnes. Un travail méticuleux a ensuite permis d’identifier un suspect précis. Une fois cette personne ciblée, un prélèvement d’ADN « furtif » (par exemple, sur un objet jeté) a été effectué, confirmant la correspondance avec l’ADN de la scène de crime.
Un Tournant Judiciaire
L’homme, âgé de 40 ans, a été interpellé le 16 mai 2024, mis en examen pour viol et écroué. C’est la première fois en France qu’un suspect est mis en examen dans une affaire de viol « cold case » grâce à la généalogie génétique. Cette technique, bien que très encadrée et soulevant des questions éthiques quant à l’accès aux données personnelles, prouve son efficacité redoutable pour résoudre des affaires criminelles restées longtemps impunies.
Cette affaire de Poitiers démontre le potentiel de la généalogie génétique pour la justice française, ouvrant potentiellement la voie à la résolution d’autres « cold cases » où les méthodes d’enquête traditionnelles n’ont pas abouti.