L’Anesthésiste de Besançon Face à la Réquisition : Symptôme d’une Crise Hospitalière Profonde
Le monde hospitalier français est en ébullition, confronté à des pénuries de personnel qui atteignent des niveaux critiques. Au cœur de cette tension, le cas du Dr Laurent Leconte, anesthésiste-réanimateur au CHU de Besançon, illustre de manière poignante la réalité vécue par de nombreux soignants. Réquisitionné pour des gardes supplémentaires, le médecin refuse d’obtempérer, invoquant la fatigue et le risque pour la sécurité des patients.
Le Dr Leconte, déjà largement au-delà de ses obligations contractuelles avec des semaines de 6 jours et des journées de 10 à 12 heures, a été sommé par sa direction de couvrir des nuits et week-ends qu’il avait expressément refusés. Sa position est claire : il ne refuse pas de travailler, mais refuse de mettre en danger la vie de ses patients et sa propre santé en exerçant dans un état d’épuisement. « Je refuse de me mettre en danger, de mettre les patients en danger », affirme-t-il, dénonçant un système qui le pousse à la limite.
Cette situation n’est malheureusement pas isolée. Partout en France, face à une hémorragie de personnel, notamment d’anesthésistes et de médecins urgentistes, les hôpitaux publics recourent de plus en plus fréquemment aux réquisitions. Le ministère de la Santé a d’ailleurs validé cette pratique pour assurer la continuité des soins. Cependant, pour les professionnels, ces mesures sont perçues comme une solution de court terme à une crise structurelle profonde, et souvent illégales lorsqu’elles ne répondent pas à une situation « exceptionnelle » mais à un manque chronique.
Le Dr Leconte a d’ores et déjà annoncé son intention de contester cette décision devant la justice et n’exclut pas d’être pénalisé plutôt que de céder à ce qu’il qualifie d’« absurdité ». Ce bras de fer met en lumière l’épuisement professionnel généralisé, la dégradation des conditions de travail et le manque d’attractivité du service public hospitalier, poussant de nombreux médecins à démissionner. Alors que le plan « Ma Santé 2022 » peine à produire ses effets, le cas de Besançon est un cri d’alarme pour une refonte urgente et durable de notre système de santé.