La Dermatose Nodulaire Contagieuse : Pourquoi la France Hésite Encore sur la Vaccination Générale
La dermatose nodulaire contagieuse, ou lumpy skin disease (LSD), est une maladie virale bovine qui préoccupe de plus en plus les éleveurs français. Identifiée pour la première fois en Corse en octobre 2023, puis sur le continent dans les Alpes-Maritimes en décembre, elle a depuis engendré 47 foyers confirmés en région PACA et 2 en Occitanie. Cette pathologie, bien que sans danger pour l’homme, provoque des nodules cutanés, de la fièvre, des boiteries et une baisse drastique de la production laitière chez les bovins, se transmettant par des insectes piqueurs.
Face à cette menace, le ministère de l’Agriculture a mis en place un dispositif sanitaire strict. Celui-ci comprend l’abattage des animaux infectés dans les exploitations touchées, l’instauration de zones de protection (3 km) et de surveillance (10 km) autour des foyers, ainsi que des mesures de biosécurité renforcées, des restrictions de mouvement des bovins et la désinfection des véhicules. La lutte contre les insectes vecteurs est également une composante essentielle de cette stratégie.
Cependant, la question d’une vaccination généralisée, bien que des vaccins efficaces existent, divise. La principale raison de l’hésitation réside dans l’utilisation de vaccins vivants atténués. Si ces vaccins protègent bien les animaux, leur emploi entraînerait, selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), le classement de la France comme « pays infecté » par la LSD. Cette désignation aurait des conséquences économiques désastreuses, notamment une fermeture quasi immédiate des marchés à l’exportation pour la viande et les produits laitiers français, secteurs cruciaux pour l’économie agricole.
Le maintien du statut de « pays indemne de maladie » est donc une priorité absolue pour la filière. Une vaccination à grande échelle risquerait de rendre la maladie endémique et de compromettre durablement la compétitivité des exportations françaises. Pour l’heure, la stratégie nationale privilégie donc les mesures sanitaires strictes et l’abattage des animaux malades pour éradiquer les foyers un à un, plutôt que de prendre le risque d’un impact commercial majeur.
Malgré cette position actuelle, des réflexions sont en cours. Si la maladie devait s’étendre de manière incontrôlable ou devenir endémique, une vaccination ciblée, par exemple autour des foyers les plus actifs ou dans certaines régions spécifiques, pourrait être envisagée. L’objectif demeure de protéger le cheptel tout en minimisant les répercussions économiques pour l’ensemble du secteur agricole français.