Quand les constellations de satellites menacent nos télescopes
Le ciel nocturne, source d’émerveillement et de découvertes scientifiques, est aujourd’hui confronté à une nouvelle forme de pollution lumineuse et radio : la prolifération des constellations de satellites. Des milliers de ces engins, lancés par des entreprises comme SpaceX (Starlink) ou OneWeb, sillonnent l’orbite terrestre, posant un défi majeur à l’observation astronomique, qu’elle soit optique ou radio.
Impact sur l’astronomie optique : des traînées lumineuses indésirables
Pour les télescopes optiques terrestres, le problème est double. D’une part, les satellites, particulièrement visibles à l’aube et au crépuscule, reflètent la lumière du soleil et apparaissent comme de brillantes traînées sur les images à longue exposition. Ces traînées peuvent masquer des objets célestes faibles, comme des galaxies lointaines, des nébuleuses ou même des exoplanètes. Des projets majeurs, tel que le futur observatoire Vera C. Rubin (LSST) au Chili, estiment que 30 à 40% de leurs images pourraient être affectées par ces « lignes d’étoiles ».
Les tentatives d’atténuation, comme le noircissement des satellites (DarkSat), ont montré des limites. Si elles réduisent la luminosité, le problème persiste, d’autant plus que les nouvelles générations de satellites sont souvent plus grandes et plus nombreuses, augmentant leur impact cumulatif.
Impact sur l’astronomie radio : une cacophonie invisible
L’astronomie radio n’est pas épargnée. Les satellites émettent des ondes radio dans le cadre de leurs opérations de communication, créant une interférence sonore invisible qui brouille les signaux cosmiques très faibles que les radiotélescopes tentent de capter. C’est une véritable « pollution radio » qui menace des projets d’envergure comme le Square Kilometre Array (SKA), un futur réseau de télescopes géant censé explorer les origines de l’univers. Les signaux des satellites peuvent saturer les récepteurs, rendant l’écoute des murmures du cosmos quasi impossible.
Un appel urgent à la régulation et à la collaboration
Face à cette menace grandissante, la communauté astronomique mondiale tire la sonnette d’alarme. L’Union Astronomique Internationale (UAI) et d’autres organismes appellent à une action concertée et urgente. Il s’agit de trouver un équilibre entre le développement technologique spatial et la préservation de notre capacité à explorer et comprendre l’univers.
Des solutions doivent être mises en œuvre, qu’il s’agisse de modifications techniques sur les satellites (réduction de la réflectivité, choix de fréquences d’émission adaptées) ou de régulations internationales contraignantes. La préservation du ciel nocturne est non seulement cruciale pour la science, mais aussi pour le patrimoine culturel de l’humanité, qui risque de perdre l’accès à un ciel étoilé immaculé.